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L'École des Beaux-Arts de l'Indochine : berceau de l'art moderne vietnamien

  • Photo du rédacteur: Cabinet Gauchet Art Asiatique
    Cabinet Gauchet Art Asiatique
  • il y a 3 jours
  • 4 min de lecture

Fondée en 1925 à Hanoï par le peintre français Victor Tardieu, l’École des Beaux-Arts de l’Indochine (EBAI) constitue l’un des jalons majeurs de l’histoire de l’art moderne en Asie du Sud-Est. Institution artistique coloniale mais aussi lieu de fusion culturelle et de transmission, elle a façonné une génération d’artistes vietnamiens dont l’héritage esthétique continue de résonner dans le marché de l’art international et dans les musées du monde entier.


Ⓗ LE PHO (1907-2001), Bouquet de fleurs, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 40 000 euros.
Ⓗ LE PHO (1907-2001), Bouquet de fleurs, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 40 000 euros.

Créée dans le cadre du projet colonial de “mise en valeur” culturelle, l’EBAI ambitionnait d’enseigner les techniques artistiques européennes aux jeunes talents indochinois. Sous la direction de Victor Tardieu, puis de Joseph Inguimberty, l’école s’est vite distinguée par une pédagogie originale mêlant rigueur académique française (perspective, anatomie, peinture à l’huile) et respect des traditions asiatiques (peinture sur soie, laque, calligraphie).

Cette hybridité a permis l’émergence d’un style artistique proprement vietnamien, nourri à la fois d’influences occidentales et de réinterprétations des arts traditionnels locaux. L’École est ainsi devenue le catalyseur d’une modernité artistique qui n’a cessé de dialoguer avec l’histoire, l’identité culturelle et les aspirations contemporaines du Vietnam.


Plusieurs artistes issus de l’EBAI sont aujourd’hui considérés comme les piliers de l’art moderne vietnamien.

Nguyễn Phan Chánh (1892–1984) est reconnu pour ses peintures sur soie délicates. Il illustre la synthèse parfaite entre technique occidentale et esthétique orientale. Ses œuvres traduisent avec sensibilité la vie quotidienne rurale vietnamienne.

Lê Phổ (1907–2001), installé en France à partir des années 1930, il développe une œuvre abondante marquée par la douceur des formes féminines et des paysages floraux. Représenté par les plus grandes galeries, il demeure l’un des artistes vietnamiens les plus prisés sur le marché international.

Mai Trung Thứ (1906–1980), aussi installé en France, il explore une poésie visuelle teintée de nostalgie. Sa maîtrise de la peinture sur soie, combinée à une iconographie raffinée, en fait une figure majeure du raffinement pictural de l’école.

Vu Cao Dam (1908–2000), sculpteur et peintre, il est également représenté en Occident, notamment par les galeries françaises. Sa formation classique l’a conduit vers une expression artistique très personnelle, à la croisée des influences helléniques et asiatiques.

To Ngoc Van (1906–1954) et Tran Van Can (1910–1994), restés au Vietnam, ont participé à l’émergence d’un art engagé dans le contexte politique et social de la guerre d’Indochine et de la Réunification.

Ces artistes ont contribué à faire rayonner la culture vietnamienne tout en affirmant la spécificité d’une modernité picturale postcoloniale.


Ⓟ PHAM HAU (1903-1995), "Scène d'aquarium avec poissons rouges d'abondance", expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 42 000 euros.
Ⓟ PHAM HAU (1903-1995), "Scène d'aquarium avec poissons rouges d'abondance", expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 42 000 euros.


Depuis les années 1990, les œuvres des artistes de l’EBAI connaissent un regain d’intérêt considérable dans les ventes aux enchères. Plusieurs records ont été enregistrés par les maisons des ventes, témoignant d’une véritable revalorisation patrimoniale et artistique de cette école dans l’histoire de l’art mondial.

Ce phénomène s’accompagne d’une relecture critique par les historiens de l’art et les institutions muséales. L’École des Beaux-Arts de l’Indochine est désormais étudiée comme un espace de négociation culturelle, de construction identitaire et de résistance symbolique face à la domination coloniale.

Tran Binh Loc (1914-1941), "Portrait d'une élégante assise", 1938, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 250 000 euros.
Tran Binh Loc (1914-1941), "Portrait d'une élégante assise", 1938, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de ventes aux enchères Millon, adjugé à 250 000 euros.

Dans ce contexte de redécouverte et d’effervescence autour de l’art vietnamien, Gauchet Art Asiatique propose une expertise rigoureuse et spécialisée. Grâce à une connaissance approfondie de cette période et de ses figures majeures, notre cabinet accompagne collectionneurs, héritiers et institutions dans l’authentification, l’évaluation ou la mise en vente de ces œuvres rares.

Notre savoir-faire s’appuie sur une documentation précise, une veille active du marché, ainsi qu’un réseau de partenaires internationaux. Discrets et transparents, nous valorisons le patrimoine artistique vietnamien dans le respect de son histoire et de sa singularité.

Parmi les temps forts à venir, la prochaine vente dédiée à l’art vietnamien moderne constitue un rendez-vous majeur pour les amateurs et collectionneurs. Des œuvres signées Lê Phổ, Mai Trung Thứ ou encore Vu Cao Dam y seront présentées, illustrant l’essor spectaculaire de ce pan encore trop méconnu de l’art asiatique.


→ Pour demander une estimation gratuite :



Bibliographie :

  • Nora A. Taylor, Painters in Hanoi: An Ethnography of Vietnamese Art, Singapore University Press, 2004.

  • Phan, Lê Chí, Laque et modernité : Inguimberty, l’École des Beaux-Arts de l’Indochine et les premiers laqueurs vietnamiens, in Revue d’histoire de l’art, 2018.

  • Nguyễn Quang Phong, L’influence de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine sur l’art vietnamien moderne, Université des Beaux-Arts de Hanoï, 2015.

  • Collectif, Vietnam, Art et Culture, Musée Cernuschi, Paris, 2014.

  • Zohra Dali, « Les Beaux-Arts de l’Indochine, entre tradition et modernité », Revue d’Asie du Sud-Est, n°12, 2021.


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