Le centenaire de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine : un siècle de dialogue franco-vietnamien
- Anna Kerviel
- 11 oct.
- 2 min de lecture
Fondée en 1925 à Hanoï par Victor Tardieu et Nam Son, l’École des Beaux-Arts de l’Indochine a vu émerger une génération d’artistes qui ont profondément marqué l’histoire de l’art moderne vietnamien. Leur singularité réside dans la synthèse harmonieuse entre l’enseignement académique européen et les traditions picturales locales, donnant naissance à une modernité authentiquement vietnamienne.
Parmi ces maîtres, Nguyen Phan Chanh, Nguyen Gia Tri, Le Pho, Mai Thu ou encore Vu Cao Dam ont su s’imposer sur la scène internationale et incarner toute la richesse de cette effervescence créatrice.

Lê Phổ (1907-2001) Maternité, vers 1940, encre et gouache sur soie. Expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 315 000 €
Une école née du croisement des cultures
Lorsque Victor Tardieu, peintre formé aux Beaux-Arts de Lyon et lauréat du Grand Prix de Rome, découvre l’Indochine en 1920, il est fasciné par la beauté du pays et la finesse de ses traditions artistiques. Avec le peintre vietnamien Nam Son, il conçoit une école qui ne serait pas une simple filiale des Beaux-Arts de Paris, mais un lieu d’échange entre deux mondes.
À son ouverture, en octobre 1925, l’École des Beaux-Arts de l’Indochine attire de jeunes talents venus de tout le pays. Dans les ateliers de Hanoï, les étudiants apprennent la perspective, le modelé, la composition, mais aussi la peinture sur soie, la laque et la sculpture traditionnelle. Cette pédagogie hybride façonne une génération qui saura conjuguer modernité et héritage avec une rare élégance.

Les élèves des deux premières promotions, le corps enseignant au premier plan et Victor Tradieu au centre. Hanoï, 1926.
La naissance d’un art vietnamien moderne
Dans les années 1930 et 1940, les diplômés de l’école imposent un style nouveau. Nguyen Phan Chanh renouvelle la peinture sur soie, mêlant douceur du trait et poésie du quotidien. Nguyen Gia Tri sublime la laque, lui donnant une profondeur et une lumière inédites. Le Pho, Mai Thu et Vu Cao Dam, partis pour la France, emportent avec eux cette modernité vietnamienne et la font rayonner sur la scène internationale artistique.

Mai Trung Thứ (1906-1980), Enfant à la lecture, 1968, encre et couleurs sur soie. Expertisé par le cabinet pour la maison de vente Millon, adjugé 80 000 €
Un héritage toujours vivant
Le centenaire de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine rappelle que la modernité naît toujours du dialogue. Le centenaire de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine témoigne d’une modernité née de la rencontre plutôt que de la rupture. Le dialogue entre les cultures, amorcé dans les ateliers de Hanoï en 1925, n’a jamais autant suscité d'intérêt sur le marché de l’art qu’aujourd’hui. Un siècle plus tard, l’héritage de Tardieu et de Nam Son demeure plus vivant que jamais, rappelant qu’une des fonctions les plus précieuses de l’art est sans doute d’être un pont entre les cultures.

Vu Cao Dam (1908-2000), "Divinité", 1969, huile sur toile. Expertisé par le cabinet pour la maison de vente Millon, adjugé 39 000 €.
Le cabinet Gauchet Art Asiatique met à votre disposition son expertise reconnue pour l’authentification, l’évaluation et la mise en valeur des œuvres des artistes de l'École des beaux-arts du Vietnam. N’hésitez pas à nous contacter pour tout accompagnement personnalisé.



Commentaires