La jadéite, la pierre la plus précieuse au monde
- Cabinet Gauchet Art Asiatique

- 18 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 juil.
Pierre mystérieuse, précieuse et fascinante, la jadéite occupe une place unique dans l’univers des gemmes. Bien plus qu’un simple ornement, elle incarne un lien millénaire entre la nature, la spiritualité et le raffinement humain. Ce guide revisité mêle tradition, culture et connaissances issues des recherches contemporaines.
Jadéite ou jade ?
Ce que l’on appelle « jade » est en réalité un nom générique pour deux pierres bien différentes :
La néphrite, plus ancienne en Chine, souvent utilisée pour la sculpture ;
La jadéite, plus rare, translucide, éclatante — utilisée pour les bijoux les plus précieux.
Le grand public confond encore les deux. Or, la jadéite est la "reine" du jade, celle dont raffolent les connaisseurs, notamment en Chine, à Taïwan et à Hong Kong.

Ce n’est qu’au XVIIIᵉ siècle, sous la dynastie Qing, que la jadéite arrive en Chine depuis le Myanmar (ex-Birmanie), notamment dans la région de Kachin. Là-bas, elle est extraite à mains nues dans des conditions extrêmes. À l'époque impériale, elle est réservée aux élites : l’impératrice Cixi en possédait une collection légendaire.
Les marchands chinois lui attribuent aussitôt une aura mystique : pureté, longévité, protection, prospérité. Porter un bijou en jadéite, c’était non seulement afficher un goût raffiné, mais aussi se rapprocher des valeurs confucéennes et bouddhistes.
La jadéite fascine parce qu’elle semble… vivante. Elle interagit avec la lumière, change de ton selon l’éclairage, la température ou même la peau de celui ou celle qui la porte. En Chine, on dit qu’elle a « un esprit » (youling).
Certaines traditions assurent même que si la pierre se ternit, c’est qu’elle absorbe un mal qui menaçait son propriétaire. Elle est ainsi souvent offerte pour protéger, attirer la chance ou signifier un lien profond.

Un simple pendentif peut valoir quelques centaines d’euros… ou plusieurs millions. Pourquoi ?
Voici ce qui fait la valeur d’un bijou en jadéite :
La couleur : le vert "impérial" est le plus recherché. Ni trop foncé, ni trop gris, ni tacheté.
La texture : fine, régulière, avec une translucidité douce, presque aqueuse.
La taille et l’uniformité : former un collier avec plusieurs perles identiques est extrêmement rare.
L’absence de traitement : la jadéite naturelle, non teintée ni stabilisée, est beaucoup plus précieuse.
Selon une étude menée par l’université de Hong Kong, moins de 10 % de la jadéite extraite est de qualité gemme. Et seulement une fraction de celle-ci atteint les standards de collection.
La forme d’un bijou en jadéite ne relève jamais du hasard : elle porte en elle une charge symbolique profondément ancrée dans les cultures asiatiques. Le cercle, que l’on retrouve dans les bracelets ou les disques appelés bi, évoque l’éternité, la perfection et l’harmonie cosmique. La feuille de jade, finement sculptée, est un symbole de longévité et de renaissance, tandis que le Bouddha riant, fréquemment porté en pendentif, incarne la paix intérieure, la joie et l’abondance. Autre forme populaire, la fève ou le haricot symbolise la fertilité, la chance et la croissance, à la fois matérielle et spirituelle. Ainsi, chaque bijou devient un talisman, un message silencieux entre celui qui l’offre et celui qui le porte. La jadéite ne se limite pas à l’esthétique : elle raconte, protège, et relie les générations à travers une tradition toujours vivante.

Aujourd’hui, la jadéite continue d’être au centre des rituels familiaux, des fiançailles, des cadeaux de naissance ou de mariage dans toute l’Asie de l’Est. Elle est aussi de plus en plus présente dans les musées, comme au British Museum ou au Palais impérial de Taipei, où elle est exposée comme œuvre d’art à part entière.
Les universités asiatiques, comme celles de Kyoto, Hong Kong, ou Taipei, mènent des projets de recherche croisant géologie, histoire de l’art et anthropologie sur l’histoire du jade.
À retenir pour bien collectionner
Pour aller plus loin
Exposition « Jades » au musée Guimet (Paris, 2021) – un voyage à travers 7 000 ans d’art en jade.
"Jade: Stone of Heaven", de Richard Hughes – référence incontournable pour collectionneurs.
Université de Hong Kong (HKU) – programmes de recherche en gemmologie et culture matérielle asiatique.




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