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Bùi Xuân Phái, le peintre des rues de Hanoï

  • Photo du rédacteur: Cabinet Gauchet Art Asiatique
    Cabinet Gauchet Art Asiatique
  • 8 avr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 9 avr.

Il est des artistes qui, sans jamais chercher la célébrité, finissent par incarner l’âme d’un lieu, d’un peuple, d’une époque. C’est le cas de Bùi Xuân Phái, peintre vietnamien né en 1920 à Hanoï, dont les toiles sont devenues au fil du temps de véritables icônes visuelles de la capitale vietnamienne. À travers son œuvre, c’est toute une mémoire urbaine et affective qui se déploie, dans une tonalité à la fois intime, silencieuse et poignante.


Bui Xuan Phai (1920-1988) "Rue de Hanoï", 1986, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 9 500 €
Bui Xuan Phai (1920-1988) "Rue de Hanoï", 1986, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 9 500 €

Bùi Xuân Phái fait partie de cette génération charnière d’artistes formés à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, institution fondée en 1925 par le peintre français Victor Tardieu et le sculpteur vietnamien Nguyễn Nam Sơn. L’école visait à moderniser la formation artistique tout en encourageant une synthèse entre les traditions plastiques asiatiques et les codes de l’art occidental. Phái y étudie dans les années 1940, aux côtés de figures majeures comme Nguyễn Tư Nghiêm, Dương Bích Liên ou encore Nguyễn Sáng. Ces quatre artistes formeront plus tard ce que l’on appelle communément le "tứ trụ" (les quatre piliers) de la peinture vietnamienne moderne.


Mais si Phái partage cette formation académique avec ses contemporains, il s’en distingue très tôt par le choix de ses sujets, par sa sensibilité et par la fidélité constante qu’il voue à sa ville natale. Alors que d’autres explorent l’abstraction ou les thèmes révolutionnaires en vogue dans le Vietnam de l’après-guerre, lui choisit de peindre les ruelles de Hanoï, ses maisons anciennes, ses marchés populaires, ses silhouettes de passants anonymes. Il trace ainsi, toile après toile, le portrait changeant d’un Hanoï que la modernisation menace d’effacer.


Bui Xuan Phai (1920-1988) "Vue de village", 1983, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 1 600 €
Bui Xuan Phai (1920-1988) "Vue de village", 1983, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 1 600 €

Ce Hanoï-là, que Phái capture dans sa lumière grise, ses murs décrépis et ses toits de tuiles rouge brun, devient rapidement sa marque de fabrique. On parle de "Phố Phái" – littéralement, les "rues de Phái" – pour désigner ces tableaux urbains où le dessin est vif, parfois tremblant, et la composition volontairement déséquilibrée. Le style est expressionniste, les lignes épaisses, les couleurs éteintes, avec une prédilection pour les bruns, les bleus sourds, les gris pierre et les jaunes pâles. Ce n’est pas une ville embellie ou idéalisée que Phái représente, mais une ville qui vit, qui vieillit, qui respire, et dont chaque façade semble porter les stigmates de l’histoire.


Ce parti pris esthétique, profondément subjectif, va de pair avec une indépendance d’esprit qui lui coûtera cher. À l’époque, les autorités culturelles imposent un art réaliste-socialiste centré sur la glorification du peuple, de l’armée et de la révolution. L’univers poétique, mélancolique, apolitique de Bùi Xuân Phái est à contre-courant. En 1957, il est exclu de l’Association des artistes plasticiens du Vietnam pour avoir soutenu la "Réforme du théâtre", mouvement intellectuel alors jugé subversif. Pendant plusieurs années, il est contraint de peindre chez lui, dans l’ombre, vivant dans des conditions modestes, vendant peu, échangeant parfois ses tableaux contre des médicaments ou des livres.


Bui Xuan Phai (1920-1988) "Scène de théatre", 1987, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 10 000 €
Bui Xuan Phai (1920-1988) "Scène de théatre", 1987, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 10 000 €

Cela ne l’empêche pas de continuer à travailler avec une détermination sans faille. Outre ses vues de rues, Phái s’intéresse aussi au théâtre, peignant des portraits d’acteurs, des scènes de répétition, des masques, dans une veine tout aussi personnelle. Il réalise également des portraits – souvent des amis, des intellectuels, ou lui-même – marqués par une grande intériorité. L’ensemble de son œuvre témoigne d’un attachement à l’humain, à la vie quotidienne, à ce qui fait la beauté discrète des choses simples.


Ce n’est qu’à la fin de sa vie, dans les années 1980, que la reconnaissance officielle commence à lui être rendue. En 1984, il reçoit à titre posthume le Prix d’État pour la littérature et les arts. Depuis, son nom est inscrit dans le panthéon de l’art vietnamien moderne. Sa maison-atelier dans la rue Thuốc Bắc, à Hanoï, a été transformée en musée, et ses œuvres sont désormais très recherchées sur le marché de l’art, tant au Vietnam qu’à l’étranger.



Bui Xuan Phai (1920-1988) "Nuit de Hanoï", 1985, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 8 500 €
Bui Xuan Phai (1920-1988) "Nuit de Hanoï", 1985, expertisé par Gauchet Art Asiatique pour la maison de vente aux enchères Millon, adjugé 8 500 €

Mais au-delà de leur valeur historique ou marchande, les tableaux de Bùi Xuân Phái continuent de toucher profondément ceux qui les regardent. Ils parlent à chacun d’un attachement à la ville, à la mémoire, à l’enfance peut-être. Ils évoquent cette sensation familière et difficile à nommer que provoque la beauté fragile d’un lieu en train de disparaître. En cela, l’œuvre de Phái n’est pas seulement vietnamienne : elle est universelle.


C’est aussi pourquoi elle suscite aujourd’hui un regain d’intérêt auprès des collectionneurs et des amateurs d’art asiatique. Reconnaissables entre toutes, les œuvres authentiques de Bùi Xuân Phái font désormais l’objet d’une attention particulière, tant sur le plan artistique que patrimonial.


À ce titre, Gauchet Art Asiatique met à disposition son expertise pour accompagner les collectionneurs, héritiers ou passionnés désireux d’authentifier, d’évaluer ou de vendre une œuvre de Bùi Xuân Phái. Grâce à une connaissance fine du marché de l’art vietnamien et des particularités de son œuvre – notamment les multiples techniques qu’il a employées (huile, encre, gouache, papier journal…) –, notre cabinet est en mesure de proposer une expertise rigoureuse, documentée et confidentielle. Que vous souhaitiez faire estimer une œuvre, préparer une vente, ou obtenir un certificat d’authenticité, notre équipe vous accompagne avec sérieux et discrétion.


Pour tout renseignement ou demande d’expertise, n’hésitez pas à nous contacter.





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